1957 - Les années mémoire

Cette année-là, entre deux poussées de fièvre dues à la grippe asiatique, les Français se passionnent pour la course à l'espace. L'oreille collée à leur poste de radio, ils guettent les bip-bip de Spoutnik, le satellite artificiel que les Soviétiques ont réussi à placer en orbite autour de la Terre. Bientôt, ils s'émeuvent du sort de Laïka, la petite chienne que les mêmes savants expédient vers les étoiles à bord de Spoutnik II. Elle ne revient pas vivante, mais ouvre la voie aux vols spatiaux habités…

Sur terre, l'Europe progresse vers l'union : le 25 mars, à Rome, l'Allemagne, la Belgique, la France, l'Italie, le Luxembourg et les Pays- Bas signent le traité instituant la Communauté européenne. Cet accord économique doit déboucher sur une ouverture des frontières.
Onze ans après la fin de la guerre, c'est une garantie de plus pour une paix durable.

En Algérie, en revanche, la situation se dégrade toujours davantage, et les assassinats ne se comptent plus. Depuis Paris, le pouvoir politique, à bout de souffle, donne pleins pouvoirs à l'armée. Attentats, terrorisme, répression : l'abominable engrenage est en route. Le pays tout entier est une bombe qui ne demande qu'à éclater.

Dans ce contexte, c'est justement un enfant d'Algérie que le jury du Nobel choisit de distinguer : il décerne son prix de Littérature à Albert camus, romancier, journaliste, homme de théâtre et inlassable défenseur des droits de l'homme. Un écrivain est couronné, un autre meurt: Sacha Guitry quitte la scène. Restent son esprit et les mots qui le traduisent.
Une figure marquante de la haute couture disparaît : Christian Dior, le créateur du new look. Les Français ont un grand sujet de fierté cet été-là : le jeune Jacques Anquetil gagne le Tour de France, auquel il participe pour la première fois. Une nouvelle étoile sportive est née…